Des filles autochtones renouent avec leurs racines grâce à la crosse

Le défi 

L’équipe Storm Selects Lacrosse a été créée en 2017. Elle est formée d’athlètes féminines autochtones et vise à faire croître le sport de la crosse en Colombie-Britannique (C.-B.) et à contribuer à former les cheffes de file et les modèles de demain. En juillet 2017, suite à la présentation des Jeux autochtones d’Amérique du Nord à Six Nations,  les gérants, les entraîneurs, les parents et les familles ont constaté que la crosse était un sport qui permettait aux jeunes athlètes de se rapprocher de la culture, de l’histoire et des traditions autochtones. La crosse éveille des résonances profondes parmi les Premières Nations de l’Amérique du Nord, car elles pratiquent ce sport – sous une forme ou une autre – depuis plus de 500 ans. Beaucoup de jeunes filles ont toutefois perdu ce lien avec le passé.  Les intervenants estimaient donc qu’il fallait en faire davantage pour accroître la participation des filles autochtones, qui représentaient moins de 8 % de toutes les personnes qui s’adonnaient à la crosse en enclos en C.-B.  « Nous avons réalisé, tout particulièrement après les Jeux autochtones d’Amérique du Nord, qu’il y avait peu de filles qui pratiquaient ce sport », indique Cherlyn Billy, qui était gérante de l’équipe des moins de 19 ans de la C.-B. lors des Jeux autochtones d’Amérique du Nord de 2017.  

La solution offerte par le Fonds WISE  

Les membres de l’équipe ont approché Cherlyn Billy après les Jeux autochtones d’Amérique du Nord afin de savoir s’il était possible de rester en contact, de faire connaître l’équipe et d’encourager d’autres filles autochtones à commencer à jouer à la crosse.  Cherlyn Billy est ainsi devenue l’instigatrice du groupe qui a ensuite vu le jour : les Storm Selects. 

« Lorsque nous avons présenté une demande au Fonds WISE, nous voulions obtenir des outils de marketing afin d’avoir une vitrine, de partager nos expériences et de créer un site Web.  Essentiellement, le Fonds WISE nous a permis d’élaborer une approche de communication qui n’existait pas auparavant », explique Cherlyn Billy.  https://www.stormselects.com 

Les résultat 

« Nous les avons incités à s’assoir avec les athlètes, et nous avons demandé à ces dernières ce qu’elles désiraient voir et ce qu’elles voulaient que le site Web montre, mentionne Cherlyn Billy.  Elles souhaitaient notamment publier des photos des joueuses et mettre l’accent sur les différents camps d’entraînement parce que, bien souvent, il faut voir quelque chose pour savoir que cela existe.  À leur avis, la plus importante lacune était l’absence d’initiative pour souligner la présence des athlètes féminines autochtones dans ce sport. » 

Elles ont découvert que de nombreuses filles voulaient jouer à la crosse en C.-B.  Récemment, 15 des 20 participantes à un camp étaient des filles autochtones. 

« Lors de notre dernier camp, nous avons eu un appui remarquable des associations de crosse locales, qui veulent que plus de filles – et de filles autochtones en particulier – se lancent dans ce sport. Nous essayons donc d’ouvrir la voie aux athlètes autochtones, mais aussi aux filles en général. »   

Cherlyn Billy indique qu’il n’y a pas suffisamment de joueuses pour former des équipes de crosse féminines dans la région intérieure de la C.-B. Beaucoup d’entre elles évoluent au sein d’équipes mixtes et sont parfois les seules filles qui pratiquent ce sport. 

« Nous avons réalisé que lorsque des personnes qui partagent les mêmes idées sont réunies, qu’il s’agisse de filles autochtones ou de filles tout court, cette proximité avec leurs pairs leur permet de bâtir leur confiance en soi, affirme Cherlyn Billy.  Lorsqu’elle est arrivée parmi nous, une des filles pouvait à peine regarder les gens dans les yeux.  Elle était si timide.  Après avoir participé à notre programme, elle prend part à toutes les activités et elle a confiance en ses habiletés. Je crois que cela illustre une grande partie de notre succès. » 

Cherlyn Billy mentionne également que l’initiative a entraîné une autre retombée positive à laquelle elle ne s’attendait pas.  « Un des éléments qui ressortent de cette expérience, c’est qu’il y a maintenant beaucoup de filles qui disent qu’elles sont Autochtones.  Elles sont les mêmes qu’avant, elles continuent de jouer, mais maintenant elles s’affirment fièrement en tant qu’Autochtones.  De plus en plus d’athlètes qui jouaient déjà à la crosse s’identifient comme Autochtones parce qu’elles réalisent qu’elles n’ont pas à avoir honte de leur identité. Cette identité, elles peuvent la partager et la mettre en valeur.  Et pour moi, c’est ce qui est le plus significatif : l’aspect culturel et la fierté. » 

Les leçons  

Cherlyn Billy soutient que les organisations ne doivent pas essayer de tout faire seules. Elle a elle-même constaté qu’elle était entourée de personnes passionnées et déterminées à provoquer des changements.  Elle les a tout simplement guidées vers les outils dont elles avaient besoin. 

« Ce sont elles [les athlètes] qui ont donné le coup d’envoi à ce projet. Je les ai simplement épaulées en coulisses afin qu’elles fassent progresser leurs idées », dit-elle.   

Elle ajoute ceci : « Les athlètes étaient tellement heureuses que le sport jouisse de cette visibilité parce qu’il est très difficile d’éveiller l’intérêt des gens quand il n’y a pas beaucoup de participants.  Ce qu’il y a de bien avec le Fonds WISE, c’est qu’il offre de véritables possibilités à ces sports [qui passent parfois inaperçus]. » 

Les histoires  

  • Callison Foreman 
  • Capitaine de l’équipe de la Colombie-Britannique lors des Jeux autochtones d’Amérique du Nord de 2017  
  • Membre des Storm Selects 

Lorsque Cherlyn Billy s’est adressée aux athlètes des Storm Selects afin de savoir si certaines d’entre elles voulaient faire la promotion du sport auprès des jeunes filles autochtones et participer à la création du site Web, Callison Foreman a répondu présente. 

Callison Foreman, capitaine de l’équipe de la Colombie-Britannique lors des Jeux autochtones d’Amérique du Nord, a contribué à motiver les joueuses tout au long du projet. 

« Les JAAN (Jeux autochtones d’Amérique du Nord) sont le seul événement qui permet à toutes les joueuses autochtones de se rassembler.  Il n’y a pas vraiment d’autre expérience de ce genre en C.-B. ou ailleurs au Canada », indique-t-elle. 

Elle explique que les membres de l’équipe étaient devenues si proches qu’elles souhaitaient toutes rester en contact et montrer à quel point elles avaient du plaisir à jouer ensemble. 

« C’est comme une famille.   Cela m’a aidée à prendre conscience des possibilités qui existaient au sein de la collectivité autochtone, dans laquelle je ne m’étais pas vraiment impliquée auparavant.   Pour moi, il était important que tout le monde puisse voir qu’il y avait des gens qui étaient là pour eux et qu’il y avait des occasions à saisir. » 

Callison Foreman a grandi en sachant peu de choses sur ses racines autochtones.  Grâce à la crosse et à Cherlyn Billy, la situation a changé. 

« Je crois que ce que Cherlyn a fait, c’est de bâtir une collectivité autour de la crosse, et elle m’a permis de faire partie de cette collectivité, mentionne-t-elle.  Elle a sans contredit créé un environnement sûr et rassurant pour moi et pour de nombreuses autres filles.  Je pense donc qu’il est important que tout le monde sache que cet environnement existe. » 

Après les JAAN, Callison Foreman a été sélectionnée par l’équipe nationale Haudenosaunee en vue du Championnat du monde féminin de crosse des moins de 19 ans de 2019.  Elle estime que cela n’aurait pas été possible si elle n’avait pas d’abord participé aux Jeux autochtones d’Amérique du Nord et découvert l’importance de la crosse et la place que ce sport occupe dans la culture des Premières Nations. 

« J’ai l’impression que je fais plus que jouer à la crosse, particulièrement lorsque je joue avec l’équipe de ma collectivité.  Je sens que, dans une certaine mesure, je mets en lumière la culture autochtone », indique-t-elle. 

Grâce à son sport, elle a parcouru le pays et a récemment reçu une offre de bourse d’études de la part de l’Université Embry Riddle, en Floride.  Elle prévoit s’y rendre en août pour entreprendre ses études en physiologie aérospatiale. 

Membre de l’équipe féminine senior de crosse de la C.-B., Callison Foreman a aussi obtenu en 2019 le Prix du Premier ministre de la C.-B. pour l’excellence dans le sport dans les catégories de la crosse au champ et en enclos et du rugby.  Elle espère un jour porter les couleurs de l’équipe canadienne à la crosse. 

« Ça (la crosse) m’a permis d’accomplir pratiquement tout ce que je voulais, et je crois que ça me permettra d’en accomplir encore davantage », dit-elle. 

Elle ajoute que sa vie a changé depuis qu’elle a joué avec les Storm Selects. 

« J’ai appris beaucoup de choses à propos de la collectivité autochtone, et c’est ce qui a été le plus révélateur pour moi.  Maintenant, je suis très fière de pouvoir dire que je suis Autochtone. »