La NWT Soccer Association propose des modèles féminins aux filles en éliminant les obstacles qui empêchent les femmes d’accéder à l’entraînement de haut niveau

Le défi 

La Northwest Territories Soccer Association a de la difficulté à recruter des femmes pour combler des postes d’entraîneures, et plus particulièrement d’entraîneures qui passent du niveau communautaire à la haute performance.  Lyric Sandhals, directrice administrative de l’organisation, explique qu’il est difficile de trouver des entraîneurs – hommes ou femmes – dans le Nord, mais que la situation est encore plus complexe dans les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) en ce qui concerne le recrutement des femmes. 

L’un des problèmes auxquels l’organisation est confrontée est que les T.N.-O. sont souvent un lieu qui représente une étape de transition dans la vie des gens.  Beaucoup de personnes quittent pour étudier au collège ou à l’université et, lorsqu’elles reviennent, il est difficile de les convaincre de renouer avec l’entraînement.  Elles ont parfois l’impression que le sport a changé ou que leurs compétences ne sont plus à jour. 

La solution offerte par le Fonds WISE 

Lyric Sandhals a présenté une demande de bourse afin de proposer une formation intensive de 40 heures pour l’obtention de la licence C en entraînement en mai 2019. Des instructeurs de la C.-B. et de la Saskatchewan se sont alors rendus à Yellowknife.  La bourse a permis de réduire les coûts associés à la formation et de défrayer une partie des frais de voyage des sept participantes. Six d’entre elles venaient de Yellowknife, mais la septième habitait à Fort Smith, une collectivité éloignée et isolée. Au total, 23 personnes ont suivi la formation en entraînement, y compris les sept femmes susmentionnées. 

Les résultats 

En 2018, Lyric Sandhals n’a réussi à persuader qu’une seule femme de suivre la formation menant à la licence C en entraînement.  En 2019, sept femmes ont suivi la formation et continuent d’évoluer dans le domaine du soccer, que ce soit à titre d’entraîneures ou de gestionnaires, ce qui fait dire à Lyric Sandhals que l’initiative a connu un énorme succès.  Quelques-unes de ces femmes ont rapidement gravi les échelons et ont œuvré comme entraîneures ou gestionnaires d’équipes qui ont pris part à des compétitions d’envergure.  La formation leur a permis de prendre de l’assurance, de découvrir qu’elles avaient leur place dans ce milieu et de nouer des liens avec des pairs avec qui elles pouvaient partager leurs expériences. 

Les leçons 

Lyric Sandhals espère présenter une formation réservée aux femmes pour l’obtention de la licence d’entraînement C, une première dans l’histoire des T.N.-O.  Certaines participantes ont mentionné qu’elles s’étaient parfois senties intimidées durant la formation, notamment lorsqu’elles étaient évaluées pendant qu’elles dirigeaient de véritables séance d’entraînement et exercices devant leurs pairs.   

« Elles ont davantage confiance en elles lorsqu’elles présentent des séances ou participent à des activités dans un environnement exclusivement féminin, particulièrement lorsqu’elles n’ont pas œuvré comme entraîneures depuis quelque temps », explique-t-elle. 

Les histoires 

Keirra Alty 

  • Entraîneure en chef, équipe féminine juvénile des Jeux d’hiver de l’Arctique de 2020  
  • Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) 

Keirra Alty œuvrait comme entraîneure au niveau communautaire depuis de nombreuses années, mais elle n’estimait pas avoir les qualifications requises pour poser sa candidature comme entraîneure lors des Jeux d’hiver de l’Arctique.  Elle devait suivre la formation menant à la licence C pour que sa candidature soit considérée et, avec les encouragements de Lyric Sandhals, elle a finalement décidé de s’inscrire. 

« Avant de suivre le cours, j’étais terrifiée parce que je ne savais pas si j’avais le bon niveau.  Je ne savais pas si je possédais les compétences requises.  La formation a donc été une étape très marquante pour moi.  En y participant et en discutant avec les instructeurs et les autres entraîneurs, j’ai compris que je n’avais pas trop de retard. » 

Keirra Alty, qui a participé aux Jeux d’hiver de l’Arctique trois fois en tant qu’athlète (deux fois au soccer et une fois au basketball), réalise maintenant que cette expérience lui a donné un point de vue unique. Elle mentionne que la formation lui a permis de progresser dans sa pratique de l’entraînement. Elle a pu constater que le sport avait connu de grands changements au cours de la dernière décennie, et elle a appris à intégrer ces changements dans son travail. 

Elle a découvert de nouveaux outils et des ressources et gagné en assurance.  En tant que professeure au primaire et entraîneure de soccer dans les T.N.-O., elle encourage souvent les jeunes filles à s’initier au sport et elle croit qu’il est essentiel que ces dernières puissent voir des modèles qui leur ressemblent occuper des postes de leadership.   

« En grandissant, presque tous mes entraîneurs de soccer étaient des hommes, mentionne Keirra Alty. L’expérience n’est pas la même lorsque votre entraîneur est une femme parce que vous établissez des rapports qui sont différents.  Je crois donc que c’est une bonne chose que les filles voient des femmes assumer des fonctions d’entraîneur, car elles sauront que c’est une possibilité qui s’offre aussi à elles. » 

Keirra Alty a été sélectionnée comme entraîneure en chef de l’équipe féminine juvénile des Jeux d’hiver de l’Arctique. Ces derniers ont été annulés en mars en raison de la pandémie de COVID-19, mais elle espère tout de même continuer à agir comme entraîneure lors des deux prochains Jeux. 

Lori Rutherford-Simon 

  • Gérante de l’équipe féminine, Jeux d’été de l’Ouest canadien de 2019 
  • Membre d’un groupe de personnel entraîneur exclusivement féminin  
  • Fort Smith (Territoires du Nord-Ouest) 

Mère de six enfants, Lori Rutherford-Simon habite à Fort Smith, une collectivité isolée qui se trouve à huit heures de route de Yellowknife.    

Bien qu’elle ait continué à s’impliquer dans le sport à titre de membre du conseil d’administration de la Northwest Territories Soccer Association, elle précise qu’elle n’a pas joué depuis de nombreuses années.  Comme elle habite dans une région isolée des T.N.-O., elle était reconnaissante de pouvoir suivre la formation en entraînement car les voyages sont dispendieux.   

Lori Rutherford-Simon a récemment fait partie du personnel entraîneur exclusivement féminin de l’équipe féminine de soccer qui a représenté les T.N.-O. aux  Jeux d’été de l’Ouest canadien. Elle assumait la fonction de gérante, et les postes d’entraîneure en chef et d’entraîneure adjointe étaient aussi occupés par des femmes. Selon Lyric Sandhals, il s’agissait d’une première dans l’histoire de la Northwest Territories Soccer Association. 

 « Je crois que c’est un événement qui a eu une signification profonde, mentionne Lori Rutherford-Simon, qui est mère de quatre filles et d’un fils.  Il est très important que l’on puisse se reconnaître dans nos modèles. » 

Elle a un message pour les femmes qui envisagent de devenir entraîneures ou d’accéder à d’autres postes de leadership. 

« Saisissez toutes les occasions qui s’offrent à vous.  Il peut être difficile de trouver du temps pour l’entraînement lorsque vous avez un emploi. Par exemple, je travaille à plein temps auprès des enfants.  Je pense que cela peut parfois représenter un obstacle pour les femmes.  Ce fut une expérience d’apprentissage extraordinairement utile pour moi. »